Paresse à chercher à savoir
La-spiritualité n’est pas liée à l’athéisme, à l’agnosticisme et même aux philosophies matérialistes. En un sens, la spiritualité sans Dieu est encore d'une exigence plus radicale que celle qui se rapporte à Dieu. Il faut alors un courage quasi exceptionnel pour que dans certaines « situations-limites » (la douleur, la misère, l’amour en deuil, la mort d’un proche, notre mort prochaine...) nous soyons capables de garder nos convictions humanistes, à savoir : continuer à penser que l’homme vaut malgré tout, partout, et en tout. Du courage aussi pour que nous puissions accepter que le bien, le mal, le malheur, le bonheur.. soient peut-être en nous, de notre fait, et que nous n’en chargions pas systématiquement des puissances tutélaires divines ou maléfiques, ou encore le Hazard et la Nécessité, concepts fourre-tout, témoignant surtout de notre impuissance à savoir, ou, pire, de notre paresse à chercher à savoir. Du courage enfin pour que nous ne nous servions pas des avatars pénibles ou dramatiques de notre existence comme d’un magistral alibi pour nous économiser la peine d’être citoyens actifs du monde présent et à venir.
« Dieu l’a voulu », « la Nature est ainsi », « tout est Fatalité, Vanité »... mots commodes pour démissionner de notre être-homme, demeurer dans une indifférence de somnambule, se fondre dans la masse molle des hommes incolores, insonorisés, des suiveurs d’hommes sur lesquels s’appuient les dictatures et toutes les formes de terrorismes intellectuels, politiques, religieux ...
Etre homme, existentiellement parlant, signifie, en effet, revendiquer d’être là, présent ici-maitenant. « Je suis là », pose l’homme !
Cette parole aucune philosophie, aucune religion, aucune politique, aucune morale... ne saurait la donner à la place de l’homme en personne.
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